Allocution du 26 août 2023.

 

Allocution du 26 août 2023.

 

Notre ville évolue. Les nouveaux habitants qui l'ont choisie pour s'y établir ne connaissent pas encore son histoire. Les cérémonies comme celle d'aujourd'hui permettent de rappeler à certains ou apprendre à d'autres le passé récent de La Seyne.

 

Notre ville a donc été libérée le 26 août 1944 grâce à l'action conjuguée de l'armée  du général de Lattre de Tassigny composée de Français mais aussi d'hommes venus des colonies françaises de l'époque : Maghreb, Afrique noire, Antilles, Polynésie, Indochine, Liban, Syrie, et des résistants locaux qui la guidaient.

D'autres orateurs raconteront sans doute par le menu la formidable épopée de cette Armée B qui libéra le sud est de la France en trois semaines seulement.

Ils rappelleront également le très lourd bilan en pertes humaines et en destructions subi par la population de notre ville.

 

Mais, si je suis devant vous, au nom de mon association, c'est pour évoquer le rôle des résistantes et des résistants seynois qui ont choisi la lutte contre les occupants avec les moyens dont ils disposaient.

Dès 1940, la résistance seynoise prend forme d'abord avec la reconstitution du Parti Communiste clandestin puisque le Parti Communiste est interdit depuis 1939, puis, petit à petit, apparaissent des mouvements tels que les Francs Tireurs et Partisans Français, les Francs Tireurs et Partisans de la Main d'Oeuvre immigrée, Libération sud, les Mouvements Unis de la Résistance et le réseau de renseignement F2.

Les F.T.P. sont les plus actifs : impression et distribution de tracts et de journaux, caches d'armes, sabotage de l'usine d'Air Liquide…

Le réseau F2 est plus discret, forcément, mais non moins important puisque chargé de renseigner les Alliés sur les forces ennemies en présence. A son actif aussi le sabotage de la batterie du cap Cépet auquel des seynois participèrent. Cette batterie assurait la surveillance de la Côte depuis Le Lavandou jusqu'à Saint Cyr.

A noter que ce réseau était dirigé par le capitaine de vaisseau Jacques Trolley de Prévaux dont notre Préparation Militaire Marine porte le nom. Il fut arrêté ainsi que son épouse Lotka en mars 1944 sur dénonciation. Internés et torturés à Lyon, ils ont été fusillés à Bron le 19 août 1944.

La Résistance à La Seyne, ce sont aussi les ouvriers du Chantier Naval qui reconstituent les syndicats clandestins et ceux qui sabotent les bâtiments de guerre qui devaient être livrés à la Marine allemande ou encore ceux qui font grève ou manifestent face aux mitrailleuses.

Sans oublier les femmes anonymes qui  défilent dans les rues pour protester contre les restrictions alimentaires ou qui confectionnent des colis apportés aux résistants emprisonnés à Saint Roch à Toulon ou internés au camp de Chibron près de Signes.

La résistance seynoise ce sont aussi ceux dont les noms figurent sur les plaques de nos rues morts loin de chez eux : Robert Brun, Honoré d'Estienne d'Orves, Georges Fornoni, Jean Marie Fritz, Aimé Genoud, Jean Ghibaudo, Henri Lefèvre, Gabriel Péri, Auguste Plane, Louis Rouvier, Charles Tournier, abattus par les soldats allemands, ou encore Esprit Armando, René Carmille, Alexandre Ghibaudo, Henri Guillaume, Jean Baptiste Ivaldi, Jean marie Pascal, Joseph Santéri, morts en déportation, Paul Hubidos abattu à bord de son avion au-dessus de Rouen.

 

Je ne pouvais pas continuer sans évoquer la mémoire de cet ancien ouvrier de nos chantiers navals à qui notre pays va rendre un hommage solennel le 21 février prochain. Il s’agit, bien sûr, de Missak Manouchian, ouvrier et poète, qui travailla quelques mois dans notre ville et qui va entrer au Panthéon avec son épouse Mélinée.

« Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent » a écrit Louis Aragon… Après une parodie de procès, Missak Manouchian et ses 22 camarades ont été fusillés par les nazis le 21 février 1944 au Mont Valérien. La 24ème  du groupe, Olga Bancic, a été emmenée en Allemagne et décapitée le 10 mai suivant. « Vous avez hérité la nationalité française, nous l’avons méritée » avait lancé Missak Manouchian à leurs accusateurs.

Tous étaient résistants ; tous membres des Francs Tireurs et Partisans de la Main d’œuvre Immigrée ; la plupart, des étrangers qui ont donné leurs vies au pays qui les avait accueillis.

Missak Manouchian aura été, un temps, un membre de cette population ouvrière à qui a été dédiée la Croix de Guerre avec étoile de vermeil que La Seyne a reçue en 1948.

 

Rappelons enfin que les trois premiers maires de La Seyne après la guerre étaient des résistants : Le docteur Jean Sauvet de 1945 à 1947, messieurs Toussaint Merle de 1947 à 1969, et Philippe Giovannini de 1969 à 1978.

 

Ces femmes et ces hommes, Français ou étrangers, qui ont défendu les valeurs de notre République, parfois au prix de leur vie,  sont pour nous des exemples qui nous guident et nous faisons volontiers nôtre la déclaration de Lucie Aubrac : " La Résistance se conjugue au présent ".

Libération de La Seyne Aout 1944: commemoration du 26 Aout 2025.

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