Allocution du 26 août 2018.
Sans le courage et la détermination des résistants et sans l’intervention des troupes alliées de libération, la folie nazie n’aurait pas été vaincue.
Celles et ceux qui ont perdu la vie dans les réseaux de résistance ou les maquis avaient sans doute rêvé d’une douce existence auprès de leur famille. Qui étaient-ils ? C’étaient, pour la plupart, des gens ordinaires, comme on dit, Français ou étrangers, des gens comme vous et moi, qui ont accompli des actes extraordinaires. Ils risquaient l’arrestation, la torture et la mort. Ils le savaient. Et pourtant, ils ont agi.
Ceux qui, venant des colonies françaises, ont péri sur les bords de la Méditerranée dans les rangs de la 1ère Armée de de Lattre de Tassigny pour libérer un pays qu’ils ne connaissaient pas, avaient aussi sans doute imaginé leur avenir.
Les femmes et les hommes qui ont refusé de plier et de renoncer nous ont permis de vivre en paix et de jouir de jours plus heureux qu’ils n’en avaient connus, du moins durant quelques années.
Nous leur sommes redevables.
Nous devons nous montrer dignes de l’héritage qu’ils nous ont confié.
Il y a quelques années, Stéphane Hessel, résistant, homme de paix, nous lançait un appel dans un de ses ouvrages : « Indignez-vous ! » écrivait-il.
Nous sommes-nous assez indignés lorsque des pans entiers de notre richesse industrielle ont disparu ?
Nous sommes-nous assez indignés lorsque les attaques contre le modèle social qu’on nous enviait ont commencé ?
Nous sommes-nous assez indignés lorsque notre pays s’est engagé au Moyen-Orient et en Afrique dans des opérations militaires qui jettent aujourd’hui des milliers de familles sur les routes de l’exil à la merci de passeurs peu scrupuleux et qui voient leur douloureux périple se terminer, au mieux dans un camp et au pire sombrer au fond de la Méditerranée ?
Nous indignons-nous assez aujourd’hui alors que, tous les jours, nous voyons l’héritage du Conseil National de la Résistance partir en lambeaux ?
Du même Stéphane Hessel a suivi « Engagez-vous ! »
Alors, comme aux résistants qui prirent le parti de la lutte, deux questions se posent à nous :
La première : Sommes-nous prêts à nous engager pour préserver ce qu’il reste de notre République et de notre belle devise ?
La seconde : Dans quel pays choisirons-nous de faire vivre nos enfants et nos petits enfants ?
Les réponses sont en chacun de nous.